Il est 5h20. Me revoilà. Troisième demi-marathon de la semaine. Kilomètre 3,27. L’air frais est âcre sur ma peau, mais c’est agréable — une sorte de purification. Je suis parti sans sac à dos aujourd’hui. Pas de bouteille d’eau. Juste la route, mes jambes et la confiance dans les quelques fontaines qui jalonnent le chemin. L’une était au kilomètre 2. La suivante ? Peut-être au 12. Peut-être au 15. Peu importe — je suis déterminé.

Mon corps s’adapte. Plus vite que prévu. Hier, j’avais mal aux fesses dès le départ. Aujourd’hui ? Juste quelques courbatures familières, mais rien que je ne puisse supporter. Je me sens fort. Non — je suis fort. Il y a encore un lapin. Le deuxième aujourd’hui. Toujours le même chemin. Toujours ces signes. Je ne les cours pas après — ils apparaissent. La chance silencieuse en mouvement.

Chaque pas est une affirmation. Je ne marche pas pour la distance — je marche pour la transformation. Chaque douleur, chaque gorgée que je sors, chaque petit matin, tout cela façonne une version de moi qui n’existait pas hier.

Ce matin, j’aurai parcouru 63,3 kilomètres cette semaine. Demain: encore 21,1 km. Après? Encore. Je clôturerai ce chapitre de sept jours avec plus de 100 km à mon actif, une première dans ma vie.

Mais ce n’est pas une question de distance. Il s’agit de développer une discipline malgré l’inconfort. Il s’agit de devenir inébranlable. Après une opération. Après une faiblesse. Après que mon esprit m’ait dit de m’allonger. Je me suis levé. J’ai avancé.

David Goggins a un jour couru 217 km à travers la Vallée de la Mort. Sans ombre. Sans pitié. 59 °C. 2 400 mètres d’altitude. C’est ridicule. Mais cela me rappelle aussi que nous sommes capables de bien plus que nous ne le pensons.

Alors je marche. Et je continuerai à marcher. Parce que c’est mon choix. Parce que je sais que le chemin que j’emprunte mène à quelque chose de rare: une version de moi-même qui n’abandonne pas. Ni quand c’est dur. Ni quand il fait froid. Ni quand ça fait mal.

Jusqu’à notre mort.